Lourdement altéré, attaqué par les moisissures et autres bactéries, ce dessin d’un couple « A la Goutte d’Or », réalisé par Steinlen, l’un des artistes les plus emblématiques de l’effervescence montmartroise à la fin du XIXe siècle, vient de retrouver tout son éclat et sa fraîcheur, grâce au travail de notre main experte dans le domaine des oeuvres sur papier.
Exécuté à la pierre noire et au crayon gras, le dessin représente une blanchisseuse parisienne et un jeune homme qui tente visiblement de la séduire. Il était destiné à illustrer l’une des couvertures du journal Le Mirliton (numéro du 27 avril 1894), et plus précisément une chanson d’Aristide Bruant, « A la Goutte d’Or ».
Illustrateur et affichiste, Théophile-Alexandre Steinlen (Lausanne, 1859 – Paris, 1923) fait la connaissance des artistes du cabaret du Chat Noir dès son arrivée à Paris au début des années 1880, et devient bientôt l’illustrateur vedette de leur revue. En 1885, Le Chat Noir déménage et le chansonnier Aristide Bruant reprend ses locaux à Montmartre pour y ouvrir sa propre salle de spectacle, Le Mirliton, et lancer une nouvelle revue éponyme. En première page, il reproduit les paroles de ses plus grands succès, dont les illustrations sont, le plus souvent, confiées à Steinlen.
Pour Bruant, de 1884 à 1895, Steinlen réalisera quelque 500 dessins pour illustrer 116 titres de musique. À la fin des années 1890, les deux amis se brouilleront, Steinlen refusant, à l’heure de l’émergence des avant-gardes, de continuer à capitaliser sur l’image nostalgique de la bohème montmartroise.
(Source : Musée Cantonal des Beaux-Arts de Lausanne)
Opérations de restauration
> décollage des cartons et récupération de la feuille, par fragments, attaqués par les moisissures et les bactéries
> nettoyage par bains
> mise à plat, séchage sur buvard
> repose des fragments
> incrustation dans les lacunes
> consolidation du revers
> nouvelle découpe du passe-partout
> nouvel encadrement